Sommaire :
Les premières traces antiques du village
Les premières traces archéologiques du village de Louppy sur Loison datent de la période gallo-romaine. En effet, en 1889, un agriculteur a dégagé un ossarium (voir les photos ci-jointes) en pierre, renfermant une sépulture à incinération, comprenant plusieurs céramiques gallo-belges et un petit vase en bronze. Cette découverte atteste la présence d’une nécropole du Haut Empire. Cette nécropole se trouvait à proximité d’une voie gallo-romaine secondaire traversant le territoire de la commune. Un peu plus loin, à proximité de cette même voie, fut découvert récemment les traces d’une tuilerie gallo-romaine attestée par la présence de restes d’éléments de four et d’un important dépôt de tuiles, appelées Tegulae. On a recueilli aussi de nombreuses monnaies romaines datant du 1er au 4e siècle, aujourd’hui conservées au Musée de la Princerie à Verdun ou dans une collection particulière.
Sources
:
Carte archéologique de la Gaule, la Meuse 55, Franck Mourot.
Dépôt archéologique chez particulier
Louppy à l’époque médiévale
La première mention du village dans les archives datent du XIe siècle (1093, Lopeium), d’après Liénard (historien du XIXe siècle). A la mort du comte de Bar, Thibaut Ier, en 1214, sont construites à Louppy deux tours correspondant à deux châteaux installés à chaque extrémité du promontoire, dominant la vallée du Loison. C’est pour cette raison que le village a pris par la suite la dénomination de Louppy-aux-deux-châteaux, et cela, jusqu’à la Révolution Française Française. (voir plan de Villeneuve de 1700 ci-contre)
Au cœur du village, à proximité de l’église, les imposants vestiges d’une tour et d’une courtine sont encore visibles. À l’origine, le château (communément appelé château haut) apparaissait sous la forme d’un quadrilatère accosté de quatre tours d’angles et possédait autrefois de profondes douves alimentées par le Loison tout proche. Outre le caractère défensif de l’édifice, sa fonction résidentielle parait certaine, eut égard à la présence d’une cheminée et de banquettes sous les fenêtres. Ces vestiges dateraient sans doute du xiiie ou xiv e siècle, mais la première mention d’un château est attestée à la fin du xii e siècle
comme propriété du comte de Bar Thibaut Ier. Par la suite la seigneurie de Louppy sera partagée entre différentes familles jusqu’à l’arrivée de la famille de Pouilly au xvie siècle. Durant la Guerre de Cent Ans, en 1379, le château aura à subir une destruction partielle.
Ruines du « château haut »
Concernant le deuxième château (appelé communément château bas), il se situait à l’emplacement de l’actuel château, dit Renaissance, dont les traces d’une tour sont encore visibles depuis la cour des communs.
Le patrimoine religieux médiéval
Nous trouvons également sur le territoire de la commune, la présence de deux églises :
Église de la Madeleine
L’une d’elles se situe à l’extérieur du village. Adam de Menthon, chanoine de la collégiale Sainte Madeleine de Verdun, fonde au XIIe siècle hors des remparts, l’église de la Madeleine. Plusieurs hypothèses expliquent cet emplacement particulier à l’écart du village, notamment celle d’un ermitage comme en témoigne une fontaine, dite de l’ermitage, située à proximité. La nef remonte au xie siècle
comme l’attestent les ouvertures romanes et fut prolongée par la suite d’un nouveau chœur voûté en ogive au xvie siècle. La particularité de cette église tient essentiellement au retable datant de la fin du xve siècle, l’un des plus bels exemples connus dans la région. En 1840, à la demande du comte Charles Gédéon Théodore de Vassinhac, fut aménagée une chapelle funéraire ouverte sur le chœur, pour y enterrer les membres de leur famille. Elle est entièrement décorée de fresques représentant la Résurrection et
les différents apôtres, on y retrouve le fondateur de la chapelle en habit de pair de France, ainsi que toutes les armoiries des seigneurs de Louppy, de l’origine jusqu’à la Révolution.
Il existe à Louppy une deuxième église, actuellement église Saint Martin, dont l’origine s’explique probablement par la présence d’une chapelle castrale attachée à l’ancien « château haut » à l’époque médiévale. Les quelques archives du XIXe siècle indiquent un bâtiment rectangulaire de style roman, profondément modifié aux XVIIe et XVIIIe siècle. Cette église se situait sur l’emplacement de l’actuelle place du village. Elle fut remplacée par la suite par l’actuelle église.
L’âge d’or de Louppy
L’arrivée de la Renaissance à Louppy s’annonce avec l’installation de la famille de Pouilly dans le fief du village. En effet, à la fin du XVe siècle, Colard de Pouilly arrive à Louppy et cette famille finira par réunir l’ensemble de la Seigneurie au début du XVIIe siècle. Elle décide alors de reconstruire le « château bas » dans un style monumental à l’image de l’importance de la famille de Pouilly à cette époque.
Le « château haut », actuellement en ruines, servit régulièrement durant les conflits du XVIe et XVIIe siècles un rôle d’hébergement des troupes et d’entrepôt de matériel. Il servira également de refuge aux troupes de « Lorrains » qui se réfugièrent dans ce vieux château durant l’été 1637 pour faire face aux troupes du roi Louis XIII. Louppy sera pris en quelques jours par le Sieur de Bellefond du 21 au 25 juillet 1637. Suite à cet évènement, le « château haut » sera ruiné par ordre du Roi de France.
Château dit Renaissance
Le « château bas », dit Renaissance, offre par cette monumentalité, l'importance de son décor, ainsi que par son histoire, l’un des plus surprenants exemples de
style Renaissance de la région. Il fut édifié dans la première moitié du xviie siècle par Simon II de Pouilly, gouverneur militaire de. Ce personnage, par sa charge de conseiller d’Etat et privé et maréchal du Barrois, est un fidèle des Ducs de Lorraine, Henri II et Charles IV. En 1632, Stenay est en prise par les Français. Simon II se retire dans son château et la terre de Louppy est érigée en Comté par le duc Charles IV le 8 mai 1633, récompensant ainsi la fidélité des Pouilly à la Maison de Lorraine. Le château fut achevé en 1632, ce programme architectural unique, dont l’intérêt était d’affirmer la puissance de son commanditaire, permettait entre autres d’accueillir le duc et sa Cour. Louis XIV y résida pendant le siège de Montmédy durant l’été 1657. Le château est aujourd’hui une propriété privée, appartenant toujours aux descendants de la famille de Vassinhac d’Imécourt, arrivée au château de Louppy au milieu du XVIIIe siècle.
La visite du château permet de découvrir les différentes cours, ainsi que ses portails et porches sculptés d’un intérêt de premier plan dans le patrimoine régional. L’entrée se fait par la basse cour centrée autour d’un grand colombier remarquablement bien conservé, la visite se poursuit par la cour d’honneur caractérisée par une immense richesse sculpturale concentrée sur trois portails monumentaux, dont l’un représente les quatre éléments et une série de scènes mythologiques. De la cour d’honneur, on accède par un petit portail orné à la chapelle, qui conserve le souvenir de l’abbaye bénédictine voisine de Juvigny et de ses abbesses. Enfin, la visite s’achève par le parc à l’anglaise qui se développe le long d’un méandre du Loison et constitué d’essences rares.
Château dit Renaissance, Cour des communs
Le château est ouvert au public généralement en juillet et août, tous les jours sauf le lundi, ainsi que le reste de l’année sur demande. Pour une réservation de visite, merci de prendre contact par mail à chateaudelouppy@orange.fr. L’entrée du château se situe au 1, rue de la Porte Haute, 55600 Louppy sur Loison
Louppy après la Révolution
A Louppy comme dans le reste de la Lorraine, on note une forte croissance démographique au cours du XIXe siècle. En effet, le village va atteindre, à partir de 1846, plus de 500 habitants. C’est pour cette raison que le village décide de reconstruire une église capable d’accueillir sa population. En effet, l’église Saint-Martin de style néo roman (voir photo ci-contre), située sur la place du village, est édifiée sur les ruines de l’ancien château fort et prend la forme d’une croix latine composée de trois vaisseaux avec un transept saillant se terminant par un chevet à trois pans. Elle fut bénite en 1878. Une fois le gros-œuvre terminé, il fut décidé de lancer une loterie et une souscription en vue de financer son ameublement, opération à laquelle participa non seulement la Lorraine, mais aussi de nombreux départements français et des
villes de Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg. À l’intérieur de l’église, en plus du mobilier néo-roman, une série de vitraux garde le souvenir des anciennes familles du village, en particulier celle des Vassinhac d’Imécourt.
A l’image du siècle précédent, le village vit essentiellement de l’agriculture. Le château est également un grand domaine agricole et forestier, et a pour vocation de faire vivre une grande partie du village. Ainsi, on retrouve plusieurs familles de jardiniers pour le parc de château, un régisseur ainsi qu’un nombre important d’ouvriers agricoles, sans compter les domestiques. Il existait également à Louppy une scierie, qui exploitait le bois du Moncel.
Louppy sur Loison au cœur de l’histoire du XXe siècle
Figure 1 (coll. Collot)
Nous savons peu de choses sur l'histoire de la zone occupée par les allemands pendant la 1ère Guerre Mondiale. Louppy ne semble pas avoir tenu un rôle particulier durant les deux premières années du conflit.
A l’arrivée des troupes allemandes, au début du conflit, deux rues du village furent incendiées par celles-ci, comme en témoigne la photo ci-contre (figure 1).
Nous savions que le site présentait un intérêt certain pour l’armée allemande qui avait transformé le bois du Moncel en un vaste dépôt de matériel et de casernement, comme en témoignent encore les nombreux fortins dans ce même bois. En effet, Louppy avait l'immense avantage d'être à la fois suffisamment éloignée du front pour éviter les tirs de l'artillerie française mais également suffisamment proche par sa ligne ferroviaire Verdun – Montmédy, qui reliait directement la zone de guerre. Cela explique que sur les photos aériennes de cette époque, autour de la gare Louppy-Remoiville les champs ont été entièrement transformés en voies ferrées de stockage pour les différents éléments logistiques allemands. Louppy fut donc une zone stratégique pour l'arrière du front allemand sur le plan matériel.
Figure 2 : Le Kronprinz au château, mai 1917. coll. Collot
Figure 3 : Geschäftszimmer, avril 1917. coll. Collot
En revanche nous pensions que le château avait été tout au plus un centre de commandement de seconde zone pour l'armée allemande. Cependant, de nouvelles archives apparues lors de travaux au château, ainsi qu’une nouvelle série de photos inédites viennent attester le rôle stratégique du village à partir de 1916 (voir figure 2), comme base logistique de l’armée allemande. En effet, ces témoignages indiquent que le village de Louppy n’a pas été un simple lieu de casernement, comme dans les autres villages environnants. Par exemple, les photos indiquent la présence d’un vaste hôpital construit dans une grange et quelques habitations du Bourget. Une immense scierie avait été construite entre la ferme de Hugnes et de Putépont, d’où partait deux voies ferrées dans le bois de la Wöevre, pour faire exploiter la forêt par des prisonniers, venus du
front Est, qui était logé dans des baraquements construits au lieu dit « Le Camp des Russes ».
Un bureau militaire fut également installé au château de Louppy pour coordonner la stratégie allemande sur le front de Verdun, comme le montre la photo ci-contre (figure 3). Durant le printemps et l’été de 1917, s’installe à Louppy un bureau politique allemand. En effet, les photos témoignent d’une rencontre durant ces quelques mois de tous les dignitaires allemands au château, ainsi qu’un diplomate austro-hongrois, le comte Czernin, dont la présence s’expliquerait par le déroulement de pourparlers de paix. Des recherches sont actuellement en cours pour explorer cet évènement.
Au cours de la 2nde Guerre Mondiale, le village fut de nouveau occupé par les Allemands. Une garnison allemande s’installa de nouveau au château et une aile fut transformée en camp de prisonniers venant de l’Est de l’Europe, qui vécurent dans des conditions de vie dramatiques, ils en arrivèrent même pour se chauffer en hiver à brûler les planchers des grands salons. De plus, quelques habitants du village témoignent encore de la défénestration d’un de ces prisonniers.
Céline et Antoine Collot
Sources :
- Stéphane Thouin, Le château de Louppy-sur-Loison, dans Congrès archéologique de France. 149e session. Les Trois-Évêchés et l'ancien duché de Bar. 1991, p159-183, Société française d'archéologie, Paris, 1995
- J.Choux, Dictionnaire des châteaux de la Meuse, Berger-Levrault, 1979
- J.L.F.Jeantin, Manuel de la Meuse-Histoire de Montmédy et des localités meusiennes de l’ancien comté de Chiny, 1861-1863 Nancy
- F. Liénard, Dictionnaire topographique de la Meuse, 1872
- Gérard Cady-Christian Toussaint, Promenade du patrimoine en pays de Montmédy, Louppy-sur-Loison, Virton, 1999.
- Wikipedia
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